Une bonne réunion
A 10h ce matin j'avais mon fameux rendez-vous de mise au point avec Romain, planifié depuis deux mois. La dernière fois n'était qu'une mise en bouche.
Romain croyait que c'était annulé *insérez ici le sarcasme que vous voulez*.
La nouvelle secrétaire l'a appelé alors qu'il était en pleine réunion de chantier pour lui dire que j'attendais devant son bureau.
Avec seulement trente minutes de retard, il est arrivé en s'excusant.
On a fait le point sur la rentrée et surtout sur la réunion de rentrée qui a lieu vendredi.
Et puis j'ai fait le point sur le reste.
Je lui ai dit que j'avais moyennement apprécié de recevoir deux textos dans la nuit un samedi. En fait il ne voyait pas à quoi je faisais allusion... puis s'est justifié de les avoir envoyé "dans la nuit" en me disant que pour lui je ne suis pas obligée de regarder le texto quand je le reçois.
Tu m'envoies quand même des textos la nuit le week-end. Ca ne me plait pas. Point.
Je sais qu'il recommencera. Je sais que maintenant il sait que je n'aime pas ça et que je le lui rappellerai jusqu'à ce que ça rentre.
- Tu sais si tu crois qu'un jour je vais savoir planifier, ça serait vraiment un miracle.
- J'ai beaucoup prié cet été pour ça, je vois que ça n'a pas suffit, ce n'est pas grave je vais continuer à prier.
Pour que vous compreniez bien la portée de ce qui va suivre, il faut que je vous dise que j'ai passé deux heures à préparer cette réunion. Deux heures car j'ai cherché en vain la manière la plus juste de lui dire que je pensais qu'il ne fallait pas qu'il anime seul avec les lycéens. Déjà parce que je ne vois pas comment il serait capable de préparer les séances et de deux car pour le moment nous n'avons qu'une inscription, et c'est une jeune-fille de 17 ans. J'ai donc tourné dans tous les sens la phrase "et je crois qu'il ne faut pas que tu sois seul avec elle" tout en sachant bien que là j'ouvrais tranquillement mais sûrement la boîte de Pandore.
A 1h40 du matin, quand Johm est rentré de son travail, j'ai décidé que j'abandonnais et que je ne le lui dirai pas. Johm était un peu déçu car il trouvait que c'était l'occasion parfaite d'aborder le sujet qui fâche sans ouvrir vraiment la boîte de Pandore. Pour moi c'était plutôt une bonne grosse pente savonneuse pour tomber en plein dedans et perdre mes moyens.
Bon il se trouve qu'assez rapidement Romain m'a dit qu'il y avait un couple qu'il lui fallait contacter pour animer le groupe des lycéens du coup la conversation dangereuse n'avait plus aucun lieu d'être.
Cependant j'ai fait beaucoup mieux sans l'avoir prémédité.
J'ai commencé par lui dire que je pensais qu'il serait bon qu'il améliore sa communication.
Vu que souvent je ne suis pas sûre d'avoir bien compris ses messages à l'écrit.
- Et tu as un exemple précis en tête ?
J'ai pensé à la belle journée du patrimoine mais je ne voyais pas comment lui en parler sans effleurer la boîte de Pandore alors je lui ai dit que je n'en avais pas pour le moment mais que je lui signalerai la prochaine fois.
Et puis j'ai continué sur ma lancée (à vrai dire c'est sorti tout seul).
- D'ailleurs ça serait bien que tu apprennes à annoncer par toi-même ce qui te concerne... quand il a fallu annoncer que tu ne venais pas au Grand Rassemblement, c'est moi qui l'ai fait, tout le monde m'a posé des questions auxquelles je n'avais pas la réponse, ce n'était pas mon rôle, on m'a même fait la réflexion qu'à moi tu faisais des confidences, ce qui est absolument infondé et m'a mise dans une position très désagréable.
A ce moment-là je l'ai regardé dans les yeux. Et j'ai eu l'impression qu'il avait compris ce que je voulais dire.
Il a sûrement oublié toute cette conversation cinq minutes plus tard.
Mais je sais que j'ai eu la force de lui dire vraiment d'où venait le problème. Et que c'est un jalon définitif entre nous sur lequel je peux m'appuyer même s'il faut que je le lui répète tous les ans.
En répétant cette conversation à Johm, j'ai même trouvé un mot encore plus exact.
Une position inconfortable.
Je suis extrêmement fière de ce que j'ai réussi à dire ce matin.
Je me sens vraiment bien, pas du tout oppressée et épuisée comme lors de notre conversation au Pélé Vétété.
Je crois que j'ai réussi à être vraie en respectant mes limites, alleluia.