Le jour où j'ai essayé de jeter en touche la boîte de Pandore
Et où j'ai lamentablement échoué.
Mais j'ai essayé.
DONC.
Après ma quatrième insomnie, j'ai fait le bilan.
4 insomnies en 5 jours. TOUTES provoquées à la suite d'un contact avec Romain.
OK.
*la minute rigolote de ce message chiantissime*
Vendredi soir, avant la veillée, je coache mes jeunes. Ceux qui chantent, ceux qui lisent.
Je suis assise à côté d'un lecteur qui répète son texte.
Romain vient s'asseoir à côté de moi en me disant qu'il a quelque chose à me donner. C'est un de nos ramequins qu'on a oublié chez lui mardi soir. Je regarde ce pauvre ramequin en me disant qu'il a passé une semaine chez Romain et que Romain a dû penser à moi en le retrouvant tous les soirs en rentrant chez lui et j'ai envie de vomir dedans. Je lui dis que je n'ai pas de poches pour ranger le ramequin hanté mais qu'il pourra le donner à Johm qui va arriver dans 5 minutes car il anime les chants avec moi.
Romain me dit alors "bon je reste assis là, c'est ma place ?". Je me penche vers lui pour lui dire que moi de toute façon je vais partir pour aller répéter les chants, il n'a qu'à demander à son chef s'il doit s'asseoir là ou non.
Cinq minutes plus tard, c'est l'heure de la répète, je me lève et demande à Romain de me laisser passer. Johm me rejoint.
Dehors il me dit "tu as entendu ce que j'ai dit en arrivant ?"
- Ah non pas du tout.
- Ben je suis arrivée à ton banc et j'ai vu que Romain s'était assis à côté de toi. Alors j'ai dit assez fort "Je m'asseois où moi maintenant ? Il n'y a plus de place à côté de ma femme". Je ne sais pas s'il a entendu mais au même moment pfiuuuut il s'est écarté de toi et il a ouvert son livre de prière.
J'adore ce Johm. Il arrive tellement à tourner tout ce merdier en dérision sans blesser personne.
*fin de la petite minute rigolote, retour au touillage inutile de cervelle*
Ma mère m'appelle donc affolée dimanche midi, car elle croyait que je venais chez elle et elle n'avait pas de nouvelles, mais finalement elle était plus affolée que moi, sa fille qui n'a besoin que de 5h de sommeil par nuit, je sois toujours en train de dormir à 12h30.
- MAIS QU'EST CE QUI SE PASSE ?
- Mais rien Maman, j'ai eu une insomnie de 3h30 à 7h30.
- ENCORE ?
- Ben oui, tu sais ça fait un an maintenant que j'ai une insomnie par semaine ou presque.
- ET TU SAIS POURQUOI TU AS CES INSOMNIES ?
- Oui.
-...
- Maman, je ne vais pas te le dire au téléphone, c'est un peu compliqué.
- TU AS DES INSOMNIES CAR TU ES MALADE.
- Non.
- TU AS DES INSOMNIES A CAUSE DE TON TRAVAIL.
- Non c'est pas mon travail, mais c'est vraiment pas important, c'est à cause d'un... truc, un truc pas important.
- Ma fille ne dort plus et je dois croire que même si c'est "un peu compliqué" ce n'est pas important ?
- Bon arrête de psychoter, on viendra cet après-midi avec l'Héritier et je te raconterai.
OUI.
PENDANT QUELQUES HEURES j'ai envisagé très sereinement d'ouvrir la boîte de Pandore pour ma mère.
A vrai dire, je ne savais pas si j'allais l'ouvrir complètement (j'ai toujours la possibilité de rester au niveau "je ne supporte pas de travailler avec un facho intégriste").
Et d'un autre côté, j'avais envie de tout dire à ma mère. J'avais envie de déposer tout ce merdier aux pieds de quelqu'un qui me dise que le temps allait effacer tout ça.
Bon au final quand je suis arrivée chez elle, mes tantes ont débarqué avec tout un tas de questions sur la liste au Père Noël de l'Héritier et plein de polémiques charmantes (l'interdiction des crèches, ah si c'était des crèches musulmanes les journalistes diraient que c'est un scandale, tout ça tout ça).
Je suis partie de chez ma mère sans avoir rien dit.
En me couchant, j'ai réalisé que j'avais besoin de parler de la boîte de Pandore à quelqu'un.
Et puis y'avait quand même cet événement historique dans la manière de communiquer de Romain.
Je ne sais pas si vous vous en rendez vraiment compte mais pour moi ça a été extrêmement frappant.
Dans la conversation du mardi matin, IL A DIT "JE".
C'est un mot qu'il prononce vraiment rarement. Il va toujours le contourner. C'est ce qui m'énerve tellement quand je parle avec lui, de ne pas savoir ce qu'il veut vraiment, qui il est vraiment.
Du coup j'ai imaginé aller parler à son chef.
Lui rapporter cette conversation en lui disant que je la trouve bizarre, que j'ai l'impression que Romain ne va pas bien.
Lundi matin j'étais convaincue.
Ca me semblait absolument parfait. Dire que je pensais qu'il y avait quelque chose qui clochait pour Romain, sans parler de moi ni de "nous" (le nous réel ou fantasmé). Poser un jalon, un germe, une pierre à laquelle on peut se référer en disant "vous vous rappelez quand je suis venue vous parler dans votre bureau de cette conversation qui m'avait rendue perplexe".
Voilà je voulais ça.
Et j'espérais aussi que le chef me dirait de ne pas m'inquiéter, qu'il allait faire attention à Romain, qu'il allait l'aider s'il y avait besoin. Fin qu'il y aurait quelqu'un "en charge" quoi.
Lundi à minuit j'ai fait une nouvelle crise de "brouillard". Je ne savais plus si je devais le faire ou pas. Parler ou pas. Rapporter la conversation. Est-ce que je ne devrais pas plutôt laisser tomber et au lieu d'aller au presbytère aller m'acheter une chouette petite robe pour le réveillon ?
J'étais complètement larguée. Et en train de me dire que c'est ça qui m'attend, de plus en plus de brouillard jusqu'à devenir complètement perdue - donc "folle".
En me levant mardi matin, il faisait jour et j'étais de nouveau profondément convaincue que je voulais faire cette démarche.
Que j'en avais besoin.
Que j'allais taper un grand coup de pied dans la boîte de Pandore, que j'allais botter en touche et que c'est quelqu'un d'autre qui allait la remettre en jeu et/ou l'ouvrir pour voir si le merdier de Shrodinger était toujours là.
Malheureusement (mais j'aurais dû m'en douter) le chef de Romain n'a pas vu la boîte de Pandore que je lui tendais désespérement pour qu'il me l'arrache.
Il m'a répondu qu'il pensait que Romain voulait sûrement me dire qu'il savait "dans le secret" qu'un de nos jeunes se posait la question de sa vocation et que donc il fallait être prudent, dès maintenant. Ca serait ça l'urgence d'avoir cette conversation avec moi.
Ca fait sens.
Mais alors pourquoi ne pas avoir formulé les choses comme ça au lieu de m'embrouiller avec la différence entre la (ma) vocation "naturelle" et la (sa) vocation "spécifique" ???
Ca n'explique pas non plus pourquoi il a utilisé le "je" et pas le "il" en parlant du jeune.
Bref Pandore accepte cette interprétation comme plausible mais elle n'est pas complètement convaincue.
Le chef de Romain n'a tellement pas vu la boîte de Pandore qu'il m'a dit ensuite "mais je suis sûre qu'il ne te parlait pas à toi spécifiquement, de toi"
_ Non, non, je ne le pense pas non plus, aies-je répondu, en essayant d'avoir l'air aussi convaincante que possible.
Et c'est ainsi que j'ai menti délibéremment à un prêtre (en même temps un prêtre COMPLETEMENT BOUCHE QUOI)
(ça m'a rappelé ce médecin tout pourri qui ne m'écoutait PAS).
Et que je suis repartie avec ma boîte de Pandore.
J'attends la veillée de Noël (en sachant que j'ai une semaine pour dormir d'ici là).
J'attends surtout l'eucharistie de la veillée de Noël (on en reparlera) et la nuit qui suivra.
Et puis j'ai 11 JOURS DE VACANCES. Si ça c'est pas la preuve que Djisus naît pour nous sauver, je ne sais pas ce que c'est.