La mystification
J'ai donc gagné un ticket pour une confession gratuite ce soir.
Jusqu'à mercredi matin, je me demandais ce que j'allais bien pouvoir dire.
En revenant de mon mini-pélé de ce week-end (qui m'a fait beaucoup de bien par ailleurs), je suis tombée sur l'homélie du Pape de vendredi dernier. Qui m'a parlé genre puissance mille.
Nous sommes tous tentés car la loi de la vie spirituelle, notre vie chrétienne est une lutte : une lutte. Parce que le principe de ce monde - le diable - ne veut pas de notre sainteté, il ne veut pas que nous suivions le Christ. Peut-être que quelqu’un d’entre vous peut dire : « Mais, Père, comme vous êtes antique : vous parlez du diable au XXI siècle !" Mais, voyez que le diable existe ! Le diable existe. Même au XXI siècle ! Et nous ne devons pas être naïfs, n’est-ce pas ? Nous devons apprendre dans l’Évangile comment lutter contre lui.
Ca m'a évidemment fait penser à ma précédente confession et comment, pour ce papi curé asiatique, c'était FORCEMENT "l'Adversaire" qui me tentait par le prisme de la Petite Voix pour empêcher cette aumônerie d'être aussi performante (LOLILOL).
Et au fait que non, je n'arrive pas à croire au diable.
Que le mal existe, CERTES. Mais je n'arrive pas à croire en une puissance raisonnée qui nous manipule.
Notons que "l'esprit du monde", ça me parle quand même plus que "le diable" ou "l'Adversaire".
Puis j'ai médité.
Et je me suis rendue compte que dans notre groupe de prières, je suis la seule à être allée me confesser ce Carême.
Que j'ai cette relation avec Djisus et le Grand Patron qui est quand même très forte et très présente dans ma vie. Et que je la ressens, réellement, physiquement, très facilement, souvent. On s'est rencontrés quand j'avais 14 ans avec Djisus. On ne s'est JAMAIS lâchés depuis. Contrairement aux autres animateurs d'aumônerie ou aux autres parents que je côtoye à la paroisse, je n'ai pas vécu de "congé sabbatique" avec ma foi et ma pratique de celle-ci. Ma pratique fait une ligne droite depuis que j'ai été catéchisée à 7 ans.
Que contrairement aux autres du groupe, je crois intuitivement et profondément en la transsubstantiation (quand le pain se transforme en Corps du Christ), je la ressens même physiquement parfois. Que tout ce que raconte les mystiques, j'y crois. Sans jamais me poser de question. Ca me parait toujours tout à fait plausible.
J'ai reçu et je reçois beaucoup de grâces.
Quand je cherchais quelque chose à confesser, j'avais beau scruter partout, à part le merdier (qui de toute façon n'est pas un péché, puisque - ça va mieux en le disant et en le répétant - je ne suis pas passée à l'acte), je ne trouvais rien qui me sépare de Djisus en ce moment dans ma vie.
Et pourtant Mère Térésa disait pécher minimum 7 fois par jour. Qui suis-je donc pour me juger meilleure ?
J'ai médité donc.
Et je me suis dit que si le merdier devait paralyser quelqu'un dans notre groupe par exemple, si cette puissance maléfique existe, alors oui forcément c'est contre moi qu'elle s'acharnerait.
C'est en moi qu'elle chercherait une faille, que ma "tendance à" lui offrirait sur un plateau.
Y'aurait plus qu'à appuyer là où ça fait mal.
Si c'est ça "la tactique du diable", désolé mec mais franchement tu t'es pas trop foulé, c'était vraiment facile.
J'ai repensé à cette soirée horrifiante en Australie, cette soirée "de Noël" qui a mal tourné, consacrée aux "créatures de la nuit". Cette soirée où les mots qui sont sortis de ma bouche n'avaient aucun sens, où j'ai clairement déliré, cette soirée où j'ai eu tant de mal à "reprendre mes esprits".
Et je me suis dit que oui, on peut voir cette soirée et le merdier sous le prisme "du diable".
Un peu plus tard dans la semaine, j'ai lu ceci
Mais la présence du Malin est quelque chose qui n’est guère audible par les gens qui ont plus que le bac…
Alors j'ai décidé de confesser ça.
Ma non-croyance dans le diable. Je ne sais pas le voir. Je n'arrive pas à croire en lui.
Je dois être trop naïve.
Je lutte pourtant quotidiennement contre quelque chose. Quelque chose qui ne vient pas de moi. Fondamentalement pas de moi. Mais malgré cette lutte constante, j'ai confiance en moi. Au fond de moi, le merdier ne me fait pas peur. C'est juste pénible.
Je trouve que c'est plutôt pas mal comme sujet ça "le diable". Je ne sais pas encore à qui je vais me confesser (ils seront deux ce soir). Mais je sais que je peux en parler avec n'importe qui, Romain y compris. Que ça me permet d'aborder le merdier sans les détails scabreux, sans toucher au tabou, sans avoir à prononcer des mots que je ne veux pas prononcer. Et d'obtenir une absolution qui ait du sens et ne soit pas hypocrite.
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Là où je suis complètement mystifiée, c'est que la plupart des articles de journaux qui synthétisent cette homélie utilise une expression spécifique : "la tactique du diable". Le Pape ne l'a pas prononcée mais c'est cette expression qui est souvent reprise en sous-titre.
Cette expression n'est pas anodine. Elle fait référence au titre français d'un roman de CS Lewis.
Un roman que je connais bien. Je l'ai lu. Johm aussi. J'en ai même recopié des passages que j'ai publié sur le blog du Lama qui a disparu à Noël 2012.
Ce roman c'est Romain qui me l'a offert pour Noël 2011 quand nous travaillions ensemble.
(ce n'est pas aussi creepy que ça en a l'air, il a offert la même chose à mes deux autres collègues)(cela dit j'avais quand même trouvé étrange à l'époque de recevoir un bouquin qui s'appelle "la tactique du diable - lettres d'un tentateur", mais comme avec tous les "signes" précurseurs du merdier, j'avais haussé les épaules et je n'y avais plus fait attention jusqu'à lundi dernier donc).
Ce roman je ne l'ai plus, je l'ai mooché (envoyé à quelqu'un par internet en échange de points pour récupérer un autre livre). Heureusement d'ailleurs, ça m'évite d'avoir l'impression qu'il y a un objet possédé dans ma maison.
(j'ai d'ailleurs ce problème avec le signet de l'ordination de Romain qui se trouve pourtant dans mon porte-feuille depuis 4 ans... quand il croise mon chemin je le touche de l'extrême bout du doigt, de peur qu'il me brûle)(notons que c'est le seul signet d'ordination qu'on m'ait jamais offert et EVIDEMMENT il faut qu'il soit possédé).
Je suis donc complètement mystifiée.
Il y a quand même quelque chose de magique dans ma vie qui tourne autour des livres et de Romain. Enfin des livres que Romain me conseille de lire.
Et nom d'un petit bonhomme mais à quand remontent exactement les racines de ce merdier ?
Est-ce que c'était déjà présent DURANT DEUX ANS et comme une grosse cruchasse je n'ai vraiment rien vu venir ???
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EDIT du samedi matin : SUPER JACKPOT
1. quand je suis arrivée, Romain qui venait de monter en voiture a arrêté son moteur et s'est précipité en criant mon prénom (faut dire que j'étais en train de traverser la cour genre "lalala je n'entends pas cette voiture qui démarre")... on a parlé une bonne dizaine de minutes (du coup il s'est mis en retard, ah ben bravo) et malgré cette forte marque de complicité (nan mais il a quand même éteint son moteur pour venir me parler o_O) je n'étais pas mal à l'aise youhou
2. Je n'avais qu'un jeune qui était venu et il s'était déjà confessé il y a 3 jours... du coup DISPENSEE de confession "obligatoire" youhou