Je ne suis le petit ange de personne
J'ai pris l'avion à 6h du matin de Paris car à 10h j'avais une réunion avec une dame du diocèse.
Le Grand Patron fait bien les choses, il fallait que je la rencontre pour mon job pour Thésée.
C'était très bien.
Car je lui ai raconté tout ce qui fonctionne et tout ce qui ne fonctionne pas.
Car elle m'a confirmé dans mes intuitions (en fait mes orientations persos pour l'année correspondent EXACTEMENT au projet de l'évêque).
Elle a posé les bonnes questions "avez-vous une lettre de mission ?" et je sais que je ne vais plus tarder à en avoir une du coup. Ma lettre de mission, je l'ai réclamée à Romain en septembre qui m'a dit que je n'en avais pas besoin... comme la demande va venir d'en haut, cette bande de lèche-bottes va être obligée de s'exécuter héhé.
La dame avait eu Romain au téléphone et ça c'était mal passé.
La deuxième question qu'elle m'a posée est si il célébrait en français et face au peuple.
BIEN BIEN BIEN les nouvelles vont vite.
Je l'ai rassurée sur ce point et lui ai expliqué que 1. le contact passait très bien avec les jeunes et 2. parfois Romain était performant dans son job.
Ah ça me rassure car vos prêtres ne sont pas connus pour leur performance. Au diocèse personne ne comprend pourquoi on les a mis tous les trois ensemble, c'est une vraie catastrophe. Je vous rassure à mon tour, il n'est prévu qu'ils restent encore longtemps.
J'ai donc appris que notre situation est connue au diocèse, et que tout le monde sait que nous sommes dirigés par des incapables. OKAY.
Le projet de l'évêque est donc de fusionner je ne sais pas combien de paroisses en un super doyenné (dans ce super doyenné il y a ma paroisse d'origine qui est à 25km...). On gardera quand même l'ancienne répartition avec un binôme prêtre-laïc dans chaque ancien doyenné.
Je suis donc officiellement en binôme avec Romain (enfin dès que j'aurais reçu ma lettre de mission).
Sur le moment ça ne m'a pas dérangée. Puis j'ai réalisé. Nous allons aller à des rassemblements de binômes, à des formations où on sera considérés comme fonctionnant comme une seule entité.
ATROCEMENT ATROCE.
On a continué à papoter avec la dame. Elle m'a informée qu'elle avait rendez-vous avec Romain mercredi. Je lui ai dit qu'il ne me l'avait pas dit.
- Ah, il fait des secrets...
- Oh même pas, je pense qu'il a tout simplement oublié de m'en parler. Vous savez il n'est pas très doué pour tout ce qui est organisation et communication. Je me retrouve souvent à jouer à sa secrétaire, ce qui ne me plait pas vraiment d'ailleurs.
- Oh mais ne dites pas ça comme ça. Vous êtes plutôt son petit ange qui veille sur lui.
JAMAIS DE LA VIE. PLUTOT CREVER.
De toute façon elle a tout de suite vu à ma tête que ses termes étaient déplacés.
Johm m'a dit en rigolant quand je lui ai raconté "eh ben elle avait qu'à dire que tu es une maman pour lui". FRANCHEMENT J'AURAIS PREFERE.
Non mais quand même. Nous sommes dans un contexte professionnel. Pourquoi faudrait-il que mes rapports avec mon supérieur (ou mon collègue si nous sommes considérés comme un binôme) soit placés sous le signe de l'affect ? Je ne travaille pas avec lui parce que je l'apprécie, je travaille avec lui pour servir le Grand Patron.
Ca me paraît complètement aberrant de proférer une chose pareille dans un entretien de travail. Ca m'interroge sur la place que nous nous attribuons nous-mêmes, nous les femmes, dans l'Eglise. Ca m'a confortée sur le fait que c'est bien contre ça que je lutte dans mon merdier depuis un an et demi.
- Hum non ce n'est pas une image que je souhaite employer.
- Ah bon très bien, nous n'irons pas jusque là alors.
- Oui merci.
Et là évidemment, à l'intérieur, le triomphe de la Petite Voix.
La pente est glissante vers la boîte de Pandore, je m'en suis sortie, je ne veux pas y retourner.
A 20h12 Romain m'a envoyé un texto me félicitant parce qu'il avait n'eu que des bons échos sur la première séance d'aumônerie (c'était vendredi et il était absent). ENERVEMENT MAXIMUM.
Pourtant il va falloir qu'on se voit pour régler un milliard de problèmes dont LA conversation sur la paternité responsable. (je pense que de toute façon il est en train de ramasser ses dents après la synthèse de la première semaine du synode sur la famille qui penche clairement de mon côté de l'échéquier spirituel héhé).
Cet entretien, malgré donc l'épisode malheureux de l'ange, a été quand même très positif. Je me suis sentie appuyée dans ma démarche, confortée dans mes choix, et soutenue par ma hiérarchie (au delà donc de Romain et son supérieur direct). Tout ceci va dans le bon sens, alleluia.