absolution

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En différé de mon inconscient

Une psychanalyse, c'est quand même mystifiant.

T'arrives avec tes deux insomnies suivies de deux rêves complètement absurdes.

Tu ressors au bout de trente minutes avec des explications sur TOUT, le sens de la vie, ta semaine, ton inconscient. Des explications que tu as fournies TOI-MEME.

 

Allez étude de cas.

Donc d'abord le sujet d'étude.

Le rêve après la deuxième insomnie. (le premier cas est tout aussi mystifiant d'ailleurs)

 

Je suis dans une pièce en train de discuter avec des gens non identifiés. Je vois Romain entrer dans la pièce, il arrive dans mon dos et se presse contre moi. Il presse son corps tellement fort que je suis obligée de sentir qu'il a une érection. Dans le même temps, il appuie sur mes épaules avec ses mains.

J'étais tellement dégoûtée et apeurée en me réveillant que j'ai repoussé Johm dans le lit le matin quand il a voulu se coller dans mon dos contre moi pour me faire un câlin.

 

Donc avance rapide, je raconte le rêve à la psy.

 

- Quels étaient vos sentiments au moment où vous avez rêvé du sexe de Romain contre vous ?

- Euh du dégoût. De la peur. Le sentiment d'être paralysée.

- De l'effroi ?

- Oui voilà, du dégoût et de l'effroi.

- Bon et maintenant voyons ce geste de vous appuyer sur les épaules. Il est étrange. Que veut-il dire ?

- Je l'ai ressenti comme le fait qu'il me rabaissait et qu'il me dominait par la force.

- Vous vous sentez rabaissée en présence de Romain ?

 Gros silence. SOUDAIN je comprends.

- Ah oui oui, ça arrive quand il me parle sur un ton condescendant.

- Ah bon ?

- Oui, d'ailleurs c'est arrivé cette semaine, mardi matin. On s'est croisés par hasard au presbytère, il m'a posé des questions sur la séance que nous étions censés avoir aujourd'hui au sujet de laquelle il avait tout oublié et puis ensuite il m'a pris la tête sur une séance prévue au mois de mai sur les vocations.
- Et que vous-a-t-il dit ?

- Alors en fait il m'a dit qu'il y avait un sujet dont il voulait me parler, à propos des vocations. En fait l'autre animatrice et moi-même avions proposé d'inviter un séminariste pour qu'il parle de la vocation de prêtre et un couple marié qui parle de la vocation au mariage. Et il tenait à me dire que la vocation au mariage était... ce n'est pas comme ça qu'il l'a dit mais c'est ce que j'ai compris, même si ce n'était pas non plus ce qu'il voulait dire, que la vocation au mariage était moins importante que celle à la vie consacrée (les prêtres et les religieux). Donc je l'ai repris en lui disant qu'il se moquait de moi et il a compris que j'avais mal interprété et il lui a fallu un quart d'heure pour réussir à m'expliquer à peu près clairement son propos qui était qu'il fallait qu'on présente la vocation à la vie consacrée comme "plus spécifique" que la vocation au mariage, qui selon lui est "plus naturelle", et que surtout il ne faudrait pas qu'un jeune repousse dans sa tête une vocation à la vie consacrée car il aurait pour le moment envie de se marier.

- Vous vous rendez-compte que vous étiez exactement en train de parler de ce qui vous pose problème ? Parce que la différence entre ce que vous appelez la vie consacrée et le mariage c'est bien la question du désir sexuel.

- Oui effectivement, quand il a prononcé la phrase sur le mariage "naturel" et la vocation "spécifique" j'ai évidemment remarqué qu'on était en train de parler chasteté et désir sexuel. Mais ça me semblait tellement théorique que je n'ai pas fait attention à ce qu'il était en train de dire de concret sur lui et sur moi. Maintenant que vous le dites, ça paraît évident qu'il me parlait un peu de nous, chacun dans notre vocation.

Ce qui m'interpelle également, c'est qu'on s'est revus mardi soir à notre groupe de couples et qu'on devait discuter du sacrement du mariage et donc pour lui de son ordination en tant que prêtre. Il a dit qu'il avait fait "des voeux, un voeu d'obéissance et les autres voeux". Quand il a commencé sa phrase, moi j'attendais qu'il prononce le mot chasteté car je me disais que ça me ferait du bien psychologiquement d'entendre un tel mot dans sa bouche. Et il ne l'a pas fait. Par contre ensuite il a prononcé le mot fidélité.

- C'est vraiment intéressant cette conversation de mardi matin car c'est exactement là que se situe la question de "la femme objet de désir", vous devriez y réfléchir. En tous cas vous avez clairement rêvé que Romain vous signifiait son désir pour vous tout en vous rabaissant en vous le signifiant.

 

La séance s'est close ici.

Dans ma voiture, en rentrant chez moi, j'ai tout à coup réalisé.

Que ça m'avait paru complètement absurde qu'il me parle MAINTENANT de cette histoire de vocation alors que la réunion sur ce sujet n'est qu'en mai.

Qu'il a dit en introduction "il y a ce sujet dont je voudrais te parler".

Quand il parlé de ce jeune hypothétique il a dit textuellement "il ne faudrait pas qu'un jeune se dise "non je ne suis pas appelé à la vie consacrée car maintenant j'ai envie de me marier"". IL A UTILISE LA PREMIERE PERSONNE DU SINGULIER EN ME REGARDANT DANS LES YEUX.

Et que je lui ai répondu que je comprenais ce qu'il voulait dire au sujet de ce jeune "mais comme la séance est prévue en mai, ce n'est pas urgent, on pourra en reparler au moment voulu".

Moi la pauvre greluche aveugle et sourde, je refoule tout ça bien sagement et après je passe des heures à me tourner dans mon lit en me disant que je n'ai aucune raison de ne pas trouver le sommeil, "tout s'est bien passé avec Romain aujourd'hui".

 

Donc en revenant de chez la psy soudainement j'ai réalisé. Que pour lui, il y a une raison pour laquelle c'était effectivement urgent d'avoir cette conversation avec moi. Indépendamment des jeunes et de la séance de mai EN FAIT. Qu'il a attendu qu'on soit seuls tous les deux dans le couloir pour m'en parler.

 

C'est pour ça que je n'ai pas dormi deux nuits d'affilée. Parce la Petite Voix hurle depuis mardi matin.

ESPECE D'IDIOTE LA BOITE DE PANDORE EXISTE ET CETTE CONVERSATION EN EST LA PREUVE.



12/12/2014
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