De la sain(t)e communication
J'ai donc retourné cette nuit le "problème" dans tous les sens. Je crois que j'ai trouvé une solution (alleloulou !).
Mais avant, il faut que je vous parle de cette semaine.Et de cette homélie des Cendres.
Cette homélie m'a surprise. En bien. En très bien.
(non ce n'est pas seulement parce que Romain nous a raconté qu'il aimait faire de la rando - je hein que de quoi ?)(en vérité je ne sais rien sur qui est ce type)
Elle était très positive, elle était très humaniste, elle parlait de d'amour et de paix. Les mots "péché originel" n'ont PAS été prononcés. Ce qui était vraiment curieux pour une homélie des Cendres, où quand même pour une fois ça aurait pu faire sens. C'était sérieusement une des plus belles homélies de Cendres que j'ai entendues dans ma vie.
Je l'ai beaucoup médité la semaine suivante, vraiment cette homélie m'a nourrie.
Au fil de la semaine, j'ai médité aussi le fait que cette homélie m'ait nourrie.
POUR UNE FOIS.
Surtout que l'église était loin d'être pleine et que j'ai appris que les gens que je connais de la paroisse sont majoritairement allés ailleurs. Les gens s'en vont, les gens changent de paroisse sans état d'âme, eux. Et même si je comprends, je continue à trouver qu'au fond ce n'est pas bien. Surtout avec une si belle homélie, c'est dommage quoi.
Et je me suis dit que ça serait bien d'en faire un retour à Romain. Pour lui dire de plutôt axer ses homélies dans ce sens là, plutôt que le péché originel, le téléthon c'est bien mais ça veut dire faire de la recherche sur des embryons, etc. Que peut-être que les gens arrêteraient de partir, parce que quand même quelle tristesse cette église vide. Surtout, je me répète, quand il y a une si belle homélie.
(je dois refaire des statistiques mais je crois que nous sommes la seule famille de trentenaires de l'assemblée)
Donc je me suis dit ça et après j'étais coincée.
Car comment lui dire ?
Il était en train de passer la semaine en pélérinage en Corse, donc je risquais pas de le croiser (ce qui, par ailleurs, m'arrangeait bien). Ca voulait dire lui envoyer un mail (qu'il ne lirait probablement pas) ou pire un texto (qui allait vraiment venir le déranger dans son pélé).
Et est-ce que c'est pas un peu bizarre de reparler d'une homélie des Cendres 15 jours après ?
Puis ensuite s'est produit la crise romanesque de la semaine.
Mais du coup il faut revenir encore à la messe des Cendres (bonjour le billet fleuve).
A la fin de la messe, comme d'habitude, on s'est un peu attardés dans l'église, l'Héritier est allé faire des bisous à sa marraine et son grand-père, Johm disait bonjour à des milliards de gens qui le connaissent depuis qu'il est né, et moi je traînouillais derrière l'Héritier en évitant soigneusement de croiser le regard de Romain, qui de toute façon était assailli par tous un tas de mamies avec des problèmes apparemment très problématiques.
Bon à un moment, on s'est retrouvés avec Romain coincés dans l'allée centrale par un attroupements de catéchistes en grande session de radios potins donc on s'est salués.
Maintenant il fallait bien se dire quelque chose. J'ai dit la première chose qui me passait par la tête.
- Bon pélérinage en Corse. Ah puis si tu peux en profiter pour prier pour que des jeunes se motivent à s'inscrire pour Lourdes, parce qu'on a zéro inscriptions pour le moment.
- Ah ? Je comprends pas, ils ont adoré ce pélé l'année dernière... mais bon d'accord je prierai.
Là mon beau-père est arrivé , ils ont commencé à se lancer dans un concours de jeux de mot nuls et je suis allée rejoindre mon mari.
Le mercredi matin suivant, je reçois un coup de fil de la responsable du pélé pour Lourdes (je ne m'occupe que de la partie "jeunes de l'aumônerie") qui m'annonce qu'elle a une jeune inscrite seule avec ses soeurs plus âgées, est-ce qu'elle peut rejoindre mon groupe ?
Ah bon ça marche les prières de Romain on dirait.
Y'a une petite étincelle de joie dans mon coeur (et de soulagement aussi car rien n'est pire qu'une annulation de super pélé pour cause de non-effectif) que j'ai envie de partager. J'en parle à mon mari qui n'en a à ce moment là RIEN A CIRER. Du coup, poussée par Dieu sait quelle pulsion, j'écris un texto à Romain pour lui dire que ses prières sont efficaces, merci Monsieur l'Abbé, continuez encore un peu.
Je n'ai RIEN compris à la réponse de Romain (surtout que je ne m'attendais pas à ce qu'il réponde DU TOUT quoi).
Il m'a envoyé deux photos de paysages corses sans aucune légende et les mots "super. merci."
MAIS MERCI DE QUOI ??? QUE VEUX-TU DIRE ENTRE CA ET TES PHOTOS ??? Nom d'un bonhomme en bois, tu peux pas être explicite une fois dans ta vie ?
Mushroom s'est bien foutu de moi en me disant que j'étais un être diabolique qui provoquait Romain alors qu'il était loin parce que j'avais envie qu'il pense à moi (je ne suis pas DU TOUT d'accord avec cette interprétation).
En en parlant avec la psy, j'ai mis le doigt sur une caractéristique de tous ces neuneus sur lesquels mon cerveau s'enflamme. Ils sont tous TRES TRES NULS en communication, ils ne savent pas parler de leurs sentiments*. Ce qui en fait créent des situations où leurs propos ne sont pas explicites, ce qui crée une brèche pour que la Petite Voix de la paranoïa s'insère et s'exprime.
En revenant de chez la psy, j'ai trouvé une de mes motivations (nan parce que depuis mercredi soir, je me demande bien pourquoi j'ai envoyé ce texto ALORS QUE VOILA QUOI c'était couru d'avance que ça allait me retourner le cerveau).
J'aimerais pouvoir être plus spontanée avec Romain (comme à la fin de cette messe des Cendres où on a eu un échange intéressant pas du tout "anticipé"). J'aimerais pouvoir lui dire ce que j'ai envie de lui dire sans avoir à peser tous les mots et à anticiper toutes les réactions de mon cerveau. Et en même temps, la communication saine est impossible à cause de sa façon à lui de communiquer en général. Nous avons tous des problèmes avec lui là-dessus, moi d'ailleurs un peu moins que les autres car nous avons longtemps travaillé ensemble et à ce moment là la communication était réduite au minimum, débarrassée de tout soustexte et donc facilitée. Et parce que je suis une fille assez directe. Mais il y a plein de non-dits autour de lui, de rancoeurs qui s'accumulent ou de propos qui sont mal exprimés et mal compris dans la paroisse.
Là-dessus donc j'en reviens à mon problème actuel avec cette homélie.
D'un côté je sais que ça serait bien de faire un retour à Romain dessus.
De l'autre je ne sais pas comment le faire pour être sûre que la communication passe correctement, que mon message soit correctement reçu et SURTOUT que la réaction éventuelle de Romain ne me mette pas la tête à l'envers CAR IL N'Y A AUCUNE RAISON.
(à suivre car là c'est l'heure d'amener l'Héritier à l'école)