absolution

Mercredi matin j'ai fait un rêve.

Un rêve qui m'a réveillée.

Mais un rêve, pas un cauchemar.

Au début du rêve, je me promenais dans les rues d'une ville que je ne reconnaissais pas avec un homme. Un homme grand, aux cheveux châtains presque blonds. Je ne voyais pas son visage. Nous nous promenions main dans la main. On discutait. A un moment, on s'est pris dans les bras et il m'embrassée dans le cou. Tout cela semblait absolument normal.

J'avais l'impression d'être avec Johm.

Puis au fur et à mesure de la conversation avec cet homme que je pensais être Johm, je me suis rendue compte que ce n'était pas lui.

Ce n'était pas un inconnu, c'était un ami. De qui j'étais proche. J'étais très sereine, tout cela me semblait normal.

Dans une rue de la ville, l'homme m'a désigné un jardin. Dans le jardin, au loin sous un porche, il y avait Romain et son chef. Ils ne nous ont pas vu et j'ai tapé gentiment sur le bras de l'homme en le réprimandant car "je n'avais pas envie de voir Romain, c'est pas sympa de ta part".

Nous avons croisé d'autres personnes que je connais. Des gens qui viennent à la Médiathèque, des parents de jeunes de l'aumônerie, bref des gens à qui je ne fais pas trop attention tout en le faisant.

A un moment, nous attendons pour traverser une rue. Je lève la tête vers l'homme et je me rends compte (toujours sans voir son visage) que ce n'est pas Johm et que je ne peux pas me promener main dans la main dans la rue avec lui.

Je dis un truc que je ne me rappelle pas bien du genre "ah mais tu n'es pas Johm, ce n'est pas avec toi que je suis mariée, alors il faut que j'aille récupérer mes affaires". Je suis toujours très calme et sereine.

Il me raccompagne alors à sa voiture. Je retire du coffre de la voiture plusieurs sacs d'affaires appartenant à l'Héritier.

Il me laisse sur le trottoir avec mes sacs après m'avoir enlacée une dernière fois en me disant "à bientôt".

Je me suis réveillée.

J'ai gardé toute la journée la sensation de ce rêve. Ca m'a fait penser à plein de choses (notamment un rêve que j'avais fait à l'époque de l'Obscur où l'Obscur avait le corps de Johm). Ce que je trouve vraiment super, c'est que ce n'est pas un cauchemar. C'est un rêve plutôt cool.

J'ai passé deux jours à essayer d'identifier cet homme mystérieux. Aucun de mes amis garçons proches avec qui je pourrais me promener dans la rue n'est aussi grand que Johm. Ils sont tous plutôt petits. Ou pas châtains-blonds (je suis désolée Siruss, ce n'était pas toi :p).

J'avais aussi la certitude que ça ne pouvait pas être Romain 1. car il est petit (enfin aussi grand que moi mais pas "plus grand que moi" ou "aussi grand que Johm" comme l'homme du rêve) et 2. car j'avais clairement vu son visage pendant le rêve, c'est donc qu'il ne pouvait pas être en train de marcher à mes côtés.

Evidemment la psy a trouvé ce rêve très intéressant.

Surtout ma conclusion que ça ne pouvait pas être Romain. Car pour elle, c'est très clair que l'homme est Romain.

- Mais ce n'est pas possible, Romain est petit et l'homme du rêve est grand.

- C'est juste que l'homme de votre rêve n'est pas castré.

Je suis mystifiée.

Car maintenant qu'elle le dit, je crois effectivement que c'est exactement ça.

**********

Quand j'en ai parlé avec Johm, il n'a rien compris à la révélation de ma psy. Je crois qu'il n'a toujours pas compris qu'il se passait un truc de l'ordre du sexuel entre moi et Romain. Comme la plupart de mes interlocuteurs dans la vraie vie, il a oublié que c'était ça le point de départ, pas les problèmes de communication, pas les problèmes de méthodes de travail incompatibles, pas les problèmes de "c'est un leader complètement nul", pas les problèmes "il veut être mon ami et moi je ne veux pas qu'il le soit". Non au commencement je me suis rendue compte qu'il existait une attirance sexuelle réciproque entre nous.

Cela est l'indicible, cela est la boîte de Pandore que je m'efforce tellement fort de ne pas ouvrir.

J'ai vu ma copine d'enfance la semaine dernière. Je lui ai expliqué cette histoire qui me tracassait de pélé à Thésée avec Romain. Que la Saint Valentin tombait le samedi du séjour (le Grand Patron est RELOU). Que l'autre animatrice s'en fichait (d'autant plus qu'elle rejoint son mari et ses gosses samedi midi) mais que pour moi c'était un problème de passer la Saint Valentin avec Romain et sans mon mari.

- Oh ce n'est pas grave.

- Oui mais je pense que l'autre animatrice n'a pas de pulsion qu'elle n'arrive pas à rèfréner pour Romain.

Ma copine était un peu choquée.

Je sais que c'est choquant, c'est bien pour ça que je suis en analyse et que je me débats avec mon merdier. Mais choquant ou pas, dicible ou non, ça existe quand même et j'apprends à vivre avec.

Comme l'Héritier était dans la pièce à côté tandis que je racontais ma séance chez la psy à Johm, je n'ai pas voulu être explicite. Du coup Johm ne faisait que répéter "mais il ne peut rien se passer entre vous de toute façon, c'est impossible".

Tout à fait. Et je crois qu'il ne se passera effectivement jamais rien. Mais ça n'empêche pas ce désir impossible d'exister entre nous.

Je ne sais pas s'il faut que je le dise en ces termes à Johm. Je me dis qu'il a oublié, ou qu'il fait "exprès" de ne pas comprendre. Qu'il vaut sûrement mieux pour lui qu'il continue à ne pas comprendre le vrai problème.

Lors de cette conversation avec Johm, je me suis rendue compte d'un changement important en moi.

Habituellement quand je pense au merdier, je me dis que ça ne vient que de moi.

Mais y'a des trucs qui collent pas. Quand le merdier a éclos par exemple (j'ai surpris Romain qui avait arrêté ce qu'il était en train de faire pour me regarder dormir). A chaque fois que le merdier surgit et qu'il me paralyse. Certains regards de Romain. Certains mots de Romain. Certains gestes de Romain. Même si j'ai ma tendance à, ce n'est pas possible que ça soit uniquement le fruit de mon imagination. Et à chaque fois que Romain fait un geste qui ne colle pas, PAF UNE INSOMNIE.

Et c'est là que s'est produit le basculement. Maintenant je m'en fiche que ce soit un délire de ma part. J'ai décidé de me faire confiance. Et de croire à la boîte de Pandore. Parce que je n'arriverais pas à vivre (et à dormir) avec tant que je ne nous regarderai pas en face.

Je repense depuis ce matin à ce moment incroyable avec Jii quand je suis rentrée d'O.

J'étais à une fête chez lui. Sans le vouloir consciemment, il a fait un sous-entendu grivois sur la taille de son sexe. Puis il s'est excusé de me parler de ça. Ca a lancé une de ces conversations impossibles que j'ai toujours avec eux. Pendant la conversation, sous l'effet de l'alcool, je lui ai demandé "avec qui il allait se coucher cette nuit". Il n'a rien répondu et m'a regardé en attendant que je m'explique. Je n'ai rien expliqué et je suis partie me resservir au buffet. Car j'en avais absolument rien à faire des conséquences de mes paroles, j'en avais absolument rien à faire qu'il comprenne que je suis attirée par lui et que j'avais envie qu'il dorme avec moi, je savais très bien qu'il n'allait rien arriver et "l'obscur objet du désir ne me tourmentait plus".

J'ai beaucoup repensé cette semaine à ce moment. A la clarté des choses dans ma tête. Et à comment j'ai cru que ç'en était fini des obscurations et du merdier.

Je repense à ce moment. Et je sais qu'il faut que j'arrive à quelque chose de similaire avec Romain.

Qu'il faut que j'arrive à ne plus me tourmenter. Le désir impossible peut surgir, il suffit de l'accueillir pour ce qu'il est et la vie réelle peut alors continuer. Je l'ai déjà fait, c'est donc que c'est possible.