5, 4, 3, 2, 1... BOOM
J'ai fait une sorte de giga insomnie cette nuit, mais a priori je suis sortie du looping de ma montagne russe mentale (on verra cette nuit).
Semaine donc intense avec le concert de Damoon mercredi soir, la préparation de la séance d'aumônerie (deux heures seule la nuit dans le presbytère avec Romain et évidemment un autre animateur qui l'appelle à 22h et Romain qui lui dit "attends je te passe Sanna, elle est dans mon bureau" - NORMAL - et l'autre animateur à la con qui conclut la conversation par "fais un bisou à Romain de ma part") qui s'est mal terminée (on en reparle plus bas) et ladite séance le vendredi, avec présence de Romain et super promiscuité de 18h à 23h30 => je suis complètement EPUISEE.
Jeudi soir donc.
Quand j'ai tourné à l'angle de la place du presbytère, j'ai jeté un coup d'oeil pour voir s'il y avait une réunion dans la grande salle (et savoir si j'allais les déranger ou non et donc par quelle porte il fallait que j'entre) et j'ai vu que la grande salle était éteinte mais que le bureau de Romain était allumé. Déjà fatigue extrême.
(et je passe sur le soir où je suis entrée avec ma clef, tout était éteint, j'ai cru qu'il n'y avait personne, en entrant dans le bureau de Romain je me suis signée en poussant un soupir de soulagement en regardant son bureau vide (un geste pas du tout bizarre donc) pour me rendre compte que son chef était assis un peu plus loin dans le noir et qu'il m'a vue me signer)(JE LALALALA TUEZ MOI).
DONC JEUDI SOIR.
J'arrive. Je salue assez fort dès le couloir, ne sachant pas si le chef de Romain est là aussi (et en fait non) puis je serre la main de Romain et m'installe au pc du secrétariat pour travailler. Romain est évidemment étonné de me voir, je lui explique que presque rien n'est prêt pour le lendemain (disons plutôt que tout est prêt dans ma tête mais qu'il y a un milliard de documents à taper et à imprimer).
Après avoir passé un milliard de coups de fil persos (que j'entends du coup car il n'a pas fermé la porte de son bureau - sa maman ne va pas bien même si lui trouve qu'elle va bien mais que sa soeur lui reproche de ne pas être réaliste... BREF), Romain s'approche de moi pour me demander "s'il peut m'aider".
- Ah ben oui ça serait chouette si tu avais un document sympa pour expliquer aux lycéens la Liturgie des Heures (un truc très très très compliqué, qu'on est pourtant censés maîtriser nous les laïcs depuis Vatican II).
Pendant qu'il cherche en me disant qu'il pense que ça n'existe pas, je me penche sur le reste.
Quand j'ai fini, je cherche. EFFECTIVEMENT je ne trouve RIEN. Enfin je trouve des explications mais très compliquées, pas du tout attrayantes visuellement, ça va être chiant et scolaire quoi. Romain me propose alors de faire lui-même la présentation à partir de son exemple.
- Ah mais ça veut dire alors que tu seras présent ?
- Ah ben oui, SI TU VEUX.
- Moi JE NE VEUX RIEN DU TOUT, tu gères ton emploi du temps comme tu veux si TU AS ENVIE DE VENIR POUR LES LYCEENS.
Je range mes affaires en lui disant que je trouve quand même déprimant que ce document n'existe pas. Qu'on ne doit pas être les premiers à vouloir aborder ça avec des lycéens, que c'est fou que les ressources, en DIX ANS de site internet officiel pour les jeunes, n'aient jamais été créées ou partagées.
- On se plaint que les jeunes ne viennent pas dans nos églises, mais en même temps on ne fait rien pour aller les chercher, lui dis-je.
- Ah mais si il y a des jeunes dans nos églises.
Et là j'ai senti le précipice. On est juste au bord de ce qui nous sépare. De ce fossé entre nous, entre notre vision de ce que doit être l'Eglise. Je sais que je marche sur des oeufs car je ne veux pas le blesser. En même temps j'ai dormi 4h (entre mon retour du concert à l'hôtel et l'heure de mon réveil pour attraper mon avion) et son attitude m'ENERVE et me DEBECTE.
- Oui enfin des jeunes déjà vieux quoi.
VOILA gagné il est énervé.
Je lui tourne le dos en lui disant que tant mieux pour lui si ça ne lui pose pas de problème que ce document n'existe pas. MOI ça m'en pose un. Et je sors en claquant la porte sans au-revoir ni bonne nuit.
Et encore j'ai été soft. Il y a tellement d'horreurs et d'insultes que j'aurais pu lui dire.
En rentrant chez moi, en hurlant du Damien Grain de Riz sur la route, j'étais calmée.
Le lendemain chez la psy j'ai même réussi à voir ça du côté positif, en me disant que POUR UNE FOIS je ne m'étais pas forcée à lui sourire ou à me la fermer.
Puis donc le vendredi.
Ou tout s'est passé excellement bien.
On a co-animé les deux séances. On était excellents. Absolument complémentaires. Et très détendus.
Sur la Liturgie des Heures, au début il a été parfait. Puis bon ensuite il a été un peu long et il a perdu les jeunes. Mais j'ai trouvé son explication vraiment intéressante et limpide (j'ai pris des notes car j'ai décidé de créer ce document qui n'existe pas ou qui n'est pas partagé).
Comme d'habitude, la complicité. Je veux dire c'est juste PLUS FORT QUE MOI.
Ce n'était pas prévu sur mes fiches, mais en fait les jeunes m'ont posé des questions sur la nouvelle traduction du Notre Père.
Si vous ne le savez pas, on a abandonné "ne nous soumets pas à la tentation" pour le remplacer par "ne nous laisse pas entrer en tentation".
Et c'est ainsi que je me suis retrouvée à expliquer aux jeunes "ça veut dire quoi "ENTRER EN TENTATION" avec Romain à côté de moi (mais genre sur la chaise d'à côté).
FRANCHEMENT GRAND PATRON PARFOIS T'ES VRAIMENT RELOU.
A la fin de la séance avec les lycéens, on a eu un temps de prière comme à Thésée (je suis allée sur leur site internet récupéré la lecture de la prière du soir et la méditation). C'était la première fois pour Romain. Il a été TRES touché. Ca s'est vu sur son visage, sur sa façon de tenir, sur les mots qu'il a choisi pour clôre la prière, bref c'était très beau. Et en même temps personnellement très flippant.
JE SUIS TERRORISEE PAR CE PELE EN FEVRIER.
Je ne sais pas comment je vais faire pour ne pas mettre ma santé en danger.
Je veux dire j'ai fait seulement 20 minutes de prière avec lui, son odeur, sa voix, son corps à 5 cm de moi et il m'a fallu 24h pour m'en remettre (et je ne suis même pas sûre d'être arrivée au bout du processus). Je ne vois pas du tout comment il va m'être possible de gérer mes émotions là-bas à Thésée où elles sont décuplées par 1000.
J'ai passé la nuit à tourner le problème dans tous les sens.
Je crois que je vais demander à ma psy des somnifères. Ou des calmants, enfin un truc chimique pour m'aider.
Parce que là je me sens trop faible pour gérer ça.
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A la fin de la première séance (celle avec les collégiens), Henri (l'homme donc qui ne communie plus depuis un mois car sa femme porte un stérilet) est venu me trouver.
Pour me dire que mes prières avaient fonctionné et qu'ils avaient trouvé une "solution".
Ils ont consulté un diacre gynécologue.
Qui leur a expliqué un peu mieux l'enseignement de l'Eglise. Et qui a surtout leur a dit qu'étant donné qu'une nouvelle grossesse mettrait en danger la santé de la femme d'Henri, ils n'avaient pas à se sentir coupables. ILS SONT DES PARENTS RESPONSABLES.
Je sais qu'ils l'ont déjà dit à Romain.
Je ne sais pas si nous en reparlerons un jour avec Romain.
MAIS depuis le début J'AI RAISON.
BOOM.
(il doit continuer à penser qu'il a raison et qu'ils ne sont pas dignes de recevoir la communion, car soi-disant ce que l'Eglise recommande dans leur cas, c'est de ne plus jamais avoir de relations sexuelles jusqu'à la ménopause)(comme d'habitude ce n'est écrit nulle part, à part peut-être dans les bouquins moisis de l'Opus Dei).